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Mettez de l’innovation dans votre management, un slogan racoleur ?

Avez-vous déjà rencontré un « pink flamingos » ? Un agitateur aux bonnes manières dont la fonction est de vous aider à repenser l’organisation de votre entreprise ? Interview de Yan Curty, directeur d’Actaes.

De quoi souffre le monde du travail ?

Étonnement et principalement de cloisonnement. Notre fonction commence souvent par créer des liens entre les départements. Nous invitons les gens à se rendre sur le territoire de leurs collègues. De se mettre en jeu. La proactivité dont tout le monde parle, cela commence par la curiosité. Quand il y a de l’absentéisme dans une entreprise, ce n’est pas le problème des ressources humaines uniquement. Si une entreprise fait face à une rupture d’approvisionnement et à un manque de qualité dans la production, le climat devient difficile et les ressources humaines seules ne peuvent rien faire devant la démotivation du personnel.

Vous affirmez : « Mettez de l’innovation dans votre management et votre organisation ». Comment ?

Le slogan semble racoleur, mais nous le faisons. Vraiment. Un exemple : prenez tous les départements d’une entreprise. Mais tous. Pas seulement le management. Vous rassemblez tout le monde et si vous activez les outils ou l’approche approprié(e)s, vous obtiendrez deux ou trois solutions ou idées véritablement innovantes qui appartiennent à toute l’entreprise. Pas au patron, ni au département marketing, mais à tout le monde. Cette pédagogie s’avère gagnante. Nous sommes en résumé des accélérateurs de performance.

Existe-t-il une problématique propre aux PME ?

Je serais tenté de répondre qu’il existe autant de problèmes que de clients. Mais la PME de dix à quinze personnes est souvent confrontée à un flou managérial. Prenons l’exemple d’une société dirigée par un excellent ingénieur qui a un jour décidé de fonder sa propre entreprise. Sa société rencontre le succès et après dix ans, il a engagé une vingtaine de collaborateurs. Commercialement, tout va bien. Mais à l’interne, la désorganisation règne. Le chef de production, qui est son meilleur ami, dirige en sous-main pendant qu’il déprime parce qu’il n’exerce plus son métier de cœur et de base. Il résout des problématiques administratives et humaines alors qu’il est passionné de technique. Il rêve de repartir dans le geste, mais il remplit des formulaires. Pire, il passe sa journée à accomplir des tâches à moindre valeur ajoutée et prive son entreprise de son savoir-faire qu’il pourrait facturer le triple.

Vous faites souvent ce constat ?

Malheureusement oui. Diriger est un métier et les seules compétences techniques ne suffisent pas. Ces patrons sont en définitive frustrés et dans les faits n’assument pas leur rôle. Et si la désorganisation règne, les soucis sont au rendez-vous. Je le répète souvent : « Quand vous êtes dans la spécialisation du métier, 80% des ennuis sont techniques et 20% humains. Quand vous êtes dans le management, c’est tout l‘inverse ».

Quand vous discutez d’un mandat avec un prospect, vous promettez quoi ?

Une amélioration des performances ? Peut-être. Mais surtout une cible à zéro ulcère. Notre méthode est basée sur l’authenticité et la systémique. Nous désirons tout mettre sur la table, pointer du doigt avec sérieux et respect ce qui ne fonctionne pas dans la perspective d’une amélioration significative. Dommage collatéral positif, cela permet aussi aux gens de trouver la bonne place dans l’entreprise. C’est déjà bien, non ?

Que pensez-vous des ressources humaines en général ?

D’un point de vue technique et scientifique Il y a eu la décennie logistique, la décennie financière et on commence de sortir de la décennie RH. Je suis circonspect face au Chief Happiness Officer qui passe finalement son temps à faire des tableaux. Les employés sont infantilisés et ils se trouvent devant des processus et procédures rigides avec l’ordre d’être créatifs. L’innovation ne se décrète pas et assurément elle ne se développe pas dans un monde rigide. La mission d’Actaes est de stimuler ces organisations. Il existe trois motivations pour les employés au travail : Être traités comme des êtres humains (éthique intrinsèque), réaliser leur potentiel et s’autodéterminer. Intellectuellement, ce n’est pas compliqué à comprendre. Construire un environnement pour que cela soit possible, non plus d’ailleurs. C’est peut-être surtout une question de confiance et nous sommes là pour la faire émerger.

Yan Curty, directeur d'Actaes