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Notre mission? Laisser des souvenirs à nos enfants.

Personnalité du monde du cyclisme et entrepreneur dans l’événementiel, Richard Chassot est un passionné au regard très lucide. Découverte.

 

Comment passe-t-on de cycliste professionnel à directeur d’une entreprise événementielle?

Suite à une formation commerciale, je me suis concentré sur ma carrière de cycliste de 19 ans à 30 ans. Pendant ces onze années, j’ai évolué dans un monde très particulier où toutes mon énergie était au service de ma performance sportive. Et quand a sonné l’heure de la retraite, la reconversion n’était pas aisée, évidemment. Poursuivre dans le monde du vélo comme directeur sportif, par exemple, était inenvisageable pour moi. Je désirais poser mes valises. Je n’avais plus envie de passer d’un hôtel à l’autre. J’ai alors eu la chance d’avoir un proche qui m’a conseillé de le rejoindre dans les assurances.

 

Un changement de vie?

Oui, un bouleversement qui n’est pas évident à gérer mais l’école du vélo est si difficile que rien ne vous semble insurmontable. J’ai la chance d’apprécier les gens, d’avoir le contact facile et cela m’a grandement aidé à progresser dans le monde des affaires jusqu’en 2006. J’étais par ailleurs consultant pour la RTS quand le Tour de Romandie s’est retrouvé en difficulté. La fondation qui détenait les droits s’est alors approchée de moi pour me proposer l’organisation de la partie sportive. J’ai rapidement accepté… avec une certaine inconscience, je dois l’admettre, car la gestion d’un World Tour est extrêmement complexe. Je me suis alors rendu compte qu’il fallait constituer une équipe de professionnels pour relever ce défi. Mais engager des spécialistes pour un événement annuel est difficile. Il fallait donc avoir un portefeuille de plusieurs events pour être rentable et efficace.

 

Vous organisez, entre autres, Divinum, Apero World ou The Mud Day. Quel est le lien entre ces événements?

Les événements que nous organisons sont le fruit de coups de cœur et de rencontres. Quand j’ai reçu un téléphone pour organiser en Suisse le Mud Day, par exemple, je ne savais même pas ce que c’était. Je suis allé sur Youtube, j’ai écrit Mud Day et quand j’ai vu les images je me suis immédiatement dit « incroyable, les gens s’inscrivent pour ramper dans la boue sous des fils barbelé ? Cela m’intéresse. Go ». Je fonctionne à l’instinct et à l’envie. Je me vois mal m’investir dans un projet qui m’ennuie ou dans lequel je ne me reconnais pas. Et j’aime également prendre des risques, organiser quelque chose de complexe comme le Tour de Romandie.

 

Le Tour de Romandie justement, c’est un défi permanent?

Tout d’abord, conserver le label UCI World Tour, privatiser l’espace public pendant une semaine et constituer un budget de 5 millions chaque année demande beaucoup de travail, je ne vous le cache pas. Ce matin j’étais en réunion avec le comité d’une ville étape pour l’édition de 2021. Les contraintes en termes de sécurité et de logistique sont énormes. Mais cela vaut la peine de prendre ces risques pour organiser le plus grand événement des Romands. Nous vendons les droits de télévision dans 160 pays.

 

Comment expliquez-vous le succès populaire du Tour de Romandie?

Je mentionnerais plusieurs éléments. D’abord, c’est gratuit et vous avez un véritable contact avec les coureurs. Quand vous avez Geraint Thomas, le vainqueur du Tour de France 2018, qui effectue toute la procédure d’échauffement devant vous, cela vous marque. Au Tour de Romandie nous revendiquons cette proximité. Nous ne voulons pas mettre les coureurs derrière des barrières. Et finalement, je dis souvent que c’est un sport où l’on voit sa maison. Quand les Romands regardent le tour à la télévision, ils y voient leur monde, leur culture et ils en sont fiers. C’est un sentiment particulier qui crée l’attachement du public au tour. L’âme du cyclisme, ce sont les grands-parents qui promènent leurs petits-enfants dans leur ville et leurs font découvrir des champions. Notre mission d’organisateur ? Créer les conditions pour laisser ces souvenirs à nos enfants.

Dans deux semaines, suite de l'interview.

Richard Chassot