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«Je suis un instituteur défroqué.»

De l'École normale de Bienne à la création d'une agence de communication, en passant par Bogotà et Frinvillier. Rencontre avec Jean-Marie Hotz, directeur de Hot's Design Communication.

Comment devient-on le directeur de Hot’s Design Communication SA ?

Vous voulez connaître en bref mon parcours professionnel ? Je suis un instituteur défroqué. Après l’École normale de Bienne, j’ai passé trois années splendides à l’École suisse de Bogotà. À mon retour, j’ai enseigné pendant trois ans, à La Chaux-de-Fonds puis à Bienne. J’ai toujours eu la passion du dessin, de la peinture et de la sérigraphie. Et un jour j’ai lu dans le journal une petite annonce sous chiffres. Une entreprise horlogère cherchait un dessinateur de montres.

C’était pour vous ?

Disons que j’ai eu l’inconscience d’y répondre. Je me disais que dessiner une montre n’était pas bien compliqué. Stupeur lorsque je reçois une invitation d’OMEGA. Lors de l’entretien, nous avons plus parlé de nos voyages que de montres d’ailleurs. Mais j’ai été engagé. L’horlogerie, alors en pleine crise, recherchait des dessinateurs sans passé horloger. Une aubaine pour ma vie professionnelle.

Et une montre, c’est difficile à dessiner ?

Oui, mais passionnant. J’ai appris le métier sur le tas. Pour moi, dessiner toute la journée sur du papier millimétré, mon Fixpencil posé sur le bureau et la gouache à la main c’était du pur bonheur. Nous collaborions avec les prototypistes. Voir son esquisse prendre forme grâce à leur travail m’a toujours ému. Je garde un souvenir radieux de cette période très créative, malgré la situation économique difficile que traversait l’horlogerie.

Quand avez-vous décidé de vous mettre à votre compte ?

J’ai débuté dans une chambre de bonne à Frinvillier. Avec le temps j’ai étoffé mes compétences, surtout dans le print. J’ai élaboré des refontes complètes de modes d’emploi et j’ai créé des magazines pour certaines marques. Quand vous êtes à votre compte, vous évoluez au gré des demandes de vos clients et de vos compétences. Et de fil en aiguille, j’ai engagé des collaborateurs spécialisés et me voilà directeur de Hot’s Design Communication SA.

Tout le monde parle de digitalisation. Quand on vient dans votre entreprise, on remarque surtout des livres…

Notre spécificité, c’est le print. Nous sommes aussi actifs dans le numérique (sites web, petites applications, gif animés,…), mais un client qui entre dans une boutique veut consulter un magazine de qualité. Et dans une boutique, vous ne trouvez pas tous les modèles d’une marque. Un catalogue général permet de montrer toutes les références aux clients. La digitalisation renforce la valeur du papier comme média du luxe et le print de qualité a encore de beaux jours devant lui.

Quelles sont les contraintes de la création d’un catalogue d’une marque horlogère ?

La principale difficulté dans l’élaboration d’un catalogue c’est la récolte des données des produits, les textes et les traductions. On vous envoie un fichier Excel, vous commencez à travailler et deux jours plus tard vous recevez un nouveau fichier. Vous avez plusieurs versions différentes qui se baladent. C’est pourquoi nous avons développé une plateforme web qui se nomme EasyDocmaker. Elle est très simple d’utilisation, accessible partout et surtout spécifiquement destinée à la communication produit. Nos clients ont donc en permanence accès à une source d’information unique toujours à jour et dont il est relativement aisé de tirer un document. Cela simplifie considérablement l’élaboration de catalogues, réduit les risques de coquilles et facilite la création d’imprimés, fiches produit, catalogues de vente ou autres listes de prix.

Vous réalisez les catalogues de A à Z ?

Oui si nécessaire. De la photo à l’impression. Ou juste une partie, selon la demande du client. Nous avons deux studios de photo, des photographes aguerris et un département litho. Photographier une montre c’est un métier. Il s’agit d’être méticuleux et très organisé. Pour des raisons de cohérence visuelle du catalogue, nous ne photographions pas toutes les références. Quand un même cadran est dans plusieurs modèles, c’est la même photo de cadran qui est utilisée. Idem pour les bracelets ou les boîtes. Mais nous ne faisons pas que des catalogues horlogers, y compris en chinois. Nous élaborons des revues, de l’emballage pour Bulgari Parfums et des moyens d’enseignement pour la Conférence Intercantonale de l’Instruction Publique, pour ne citer que ces exemples.

Quels sont les enjeux de demain pour votre entreprise ?

D’une part, nous devons nous adapter aux révolutions technologiques sans pouvoir consentir des investissements trop lourds. D’autre part, les techniques changent tant en imprimerie, dans un sens large du terme, que dans la communication elle-même. A l’heure des réseaux sociaux, avons-nous encore besoin de dossiers de presse et de journalistes ? Comment parler avec les bloggers ? Qu’ont-ils besoin comme matériel ? Nous devons accompagner nos clients dans toutes ces évolutions.

 

Jean-Marie Hotz